Chronique
:
Alors qu’il sort de plus en plus d’ouvrages montrant la richesse de la BD sous diverses formes et études, l’éditeur Les Impressions Nouvelles via Thierry Bellefroid pour la coordination ont voulu allait plus loin dans cette thématique qu’est de montrer la planche originale de l’auteur dans son seul contexte, pour l’étudier et lui donner un sens d’exister sous la forme de papier au vu de l’intérêt qu’elle offre lors de ventes aux enchères qui voit les prix s’envoler ses derniers temps.
Divisé en plusieurs chapitres thématiques, on commence d’abord par « La Naissance d’une Collection » de Carmen Genten la conservatrice du Musée des Beaux-Arts de Liège (BAL). Vient ensuite « La Bande Dessinée belgo-française, un aperçu historique » par José-Louis Bocquet qui nous offre un panorama de ces écoles qui voit s’affronter Marcinelle (Spirou) à Bruxelles (Tintin) opposant deux styles différents autant dans le dessin, les histoires comme l’idéologie.
« La BD comme Art » de Didier Pasamonik se veut plus technique dans son approche en développant son texte autour de la marchandisation de ce secteur. Certes pour des collectionneurs d’Art fortunés, mais qui a le mérite, chiffre à la clef, de le faire entre dans les galleries d’Art et les musées.
« Comment montrer la Bande-dessinée » de Thierry Bellefroid et son idée de déringardiser l’objet qu’est la planche originale, son support, sa mise en valeur pour lui donner un autre impact visuel que le cadre statique… On poursuit enfin (l’atout du livre !) avec « Regards sur la Collection » qui est l’un des chapitres les plus intéressant où plusieurs personnalités de la BD se voient la chance de pouvoir parler de planches issues de la collection avec une mise en page en vis-à-vis. On prendra les plus intéressants, comme les commentaires d’Yslaire pour le travail de Franquin avec la planche 512 (Un Gaffeur Sachant Gaffer) avec un avis d’expert, assez technique et qui nous donne une tout autre relecture de ce gag.
Si elle n’est pas des plus magnifiques graphiquement, Denis Lapière arrive à repousser les limites de la narration, de ce qu’il faut y voir dans une planche de Jean Graton, planche 56 de l’album « Cauchemar » pour Michel Vaillant, lui qui aujourd’hui est repreneur pour l’éditeur Dupuis de la même série au scénario.
Bien sûr, on ne pouvait pas échapper à deux belles reproductions de planches issues de l’album « On a Marché sur la Lune » de Tintin avec les planches 13 et 35 commentées par William Henne technique (un peu trop) et peut-être prof de mathématique aussi, tout comme Sacha Goerg qui lui préfère se remémorer ses premières lectures d’enfance.
A ce rythme-là, tout ce chapitre est exceptionnel avec des interventions d’Alain Goffin et la planche 26 de « La Marque Jaune », Max de Radiguès et la planche 49 de Johan et Pirlouit issue du « Sortilège de Maltrochu » ou bien la planche 5 de Tif et Tondu, « les Ressuscités » vu par un Dany qui en fait une approche scolaire très utile par exemple pour de futurs dessinateurs. Bref, il y a du très bon ou du moyen dans les commentaires, sachant que chacun pourra s’y faire une idée.
Album complet à la mise en page simple et aérée, mais doté d’un grand format (24x32) pour mieux apprécier la reproduction des planches, le livre « L’Âge d’Or de la Bande Dessinée Belge » est un formidable témoignage d’une collection variée, (qui pourra être transmise aux générations futures) et bien sûr qui plaira aux passionnés de BD. |