Résumé
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Les années 80. Les années fric. À chacun, sa façon d’en gagner !
Eux, ils sont huit, sur les hauts de Belleville. Il y a le cerveau, celui qui aime cogner, le taiseux, le mystique, l’ex proxénète, le monte-en-l’air indépendant, l’ancien para, ou encore Rouve, le gitan, dont la marotte est l’histoire des bandits des siècles passés. Ils n’ont aucun lien avec le « milieu », le grand banditisme ou la mafia. C’est « une bande de copains, pas de voyous » !, qui a un jour décidé, pour venger l’un des leurs tué par un flic, de dévaliser des banques, car « pour les bourgeois, piquer du fric, c’est pire que faire couler du sang » !
Et c’est grâce à Rouve, et indirectement à Marcel Schwob, que leur vient l’idée géniale de se déguiser. Sus aux cagoules et autres bas nylon ! Il s’agit maintenant de se faire passer au premier abord pour des clients ordinaires. Vive les perruques, postiches, fausses moustaches, chapeaux, turbans et autre habit de curé !
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Chronique
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On ne connaissait pas David B dans ce registre et incarne avec "Les Faux Visages" un tournant dans sa carrière en abordant le grand banditisme dans sa globalité, de façon libre mais crue par bien des aspects.
Car c'est sûrement ce que l'on retiendra d'abord de ce roman graphique : la brutalité des gangsters et cette adaptation du célèbre "gang des postiches" en BD qui s'autorise une démystification des huit personnages qui évoluent dans cette histoire.
On pourrait également parler de challenge narratif puisque les 8 personnages sont développés à égalité et jouissent de véritables rôles dans cette intrigue calibré pour la BD certes, mais aussi pour le cinéma... Les références sont multiples et ordonnent un récit narratif dense et suffisament complexe pour tenir le lecteur en haleine.
Crédit total pour Tanquerelle qui s'immerge avec réussite dans les années 80 pour rendre avec justesse des planches méticuleuses où un soin est apporté aux costumes, à la mode, aux véhicules et à l'architecture urbaine de l'époque !. En grand dessinateur semi-réaliste, son choix pour le N&B apporte un peu plus de nostalgie qui n'est pas sans rappeler le travail d'un Joe Sacco, les effets bleutés en moins.
Adaptation libre avec toutefois une part de véridique, "Les Faux Visages" est un album dense et incontournable pour sa recherche des ambiances et des rapports entre individus... Le réalisme est poussé loin et offre dans ce contexte un récit engagé et intéressant à lire. Pour qui aime les policiers tartiné de polar à la française, ils tomberons sous le charme, j'en suis sûre.
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