Résumé
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Elles passent dans la rue sans faire de bruit, glissant comme des fantômes, recouvertes d’un voile noir des pieds à la tête. Sabiha, Hamedda, Aïcha, Nabiha, Ghada, Hafitha… autant de noms, de désirs cachés, de vies brimées derrière des niqabs. De toutes ces femmes, on ne perçoit que leurs regards qui expriment peurs, incertitudes, espoirs, volonté. Vendue en mariage à la sortie de l’enfance, Sabiha rêve de liberté et de sentir le vent caresser son visage. Un jour, elle ose retirer son voile et se pencher par la fenêtre, au risque d’être vue par un étranger… mais c’est son mari qui la surprend. Il la roue alors de coups : « Ne t’avise plus jamais de porter le déshonneur sur cette maison ». Prisonnière du carcan des traditions, elle tente alors dans un ultime effort de fuir ce foyer oppressant, au prix de sa vie... Autant de témoignages qui dessinent un nouveau visage du Yémen, celui de femmes qui n’ont plus peur de lutter pour leur liberté. Une révolution, de moins en moins silencieuse
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Chronique
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Le Monde d’Aïcha est presque née d’une frustration, celle de ne pas pouvoir raconter l’histoire de ces femmes yéménites à travers la photo (le plus souvent détruites par les maris !) dont Agnès Montassari avait récolté le témoignage et leurs histoires.
C’est donc Ugo Bertotti qui prend le relais avec ses pinceaux pour coucher sur le papier ces récits héroïques, toujours touchants, mais sans jamais tomber dans le mélodramatique de ménagère, tout en suggérant une prise de position aux lecteurs qui pourront souffrir avec ses femmes !
Avec son N&B tranchant, Ugo Bertotti réalise un travail basé sur les ambiances et se rapproche par moment d’un dessin qui n’est pas sans rappeler Edmond Baudouin pour ses lignes vives et l’utilisation toujours juste de la dominante noire.
Finalement sensible, ce « Monde d’Aïcha » reste touchant et aura permis à l’auteur de faire parler d’une cause juste, pourtant injustement étouffé et qui mérite qu’on s’y intéresse, nous européens ! A découvrir au plus vite. |