Chronique
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Sous ce pavé de près de 500 pages se cache le roman graphique le plus intéressant de ce milieu d’année avec un Scott McCloud au sommet de son art.
A la fois narrativement et graphiquement complexe, l’auteur sort des sentiers battus en apportant à ce récit cornélien un soupçon d’amour et de fantastique gothique par le biais du personnage qui traverse un passe difficile où l’inspiration lui manque. C’est donc sous le trait de son oncle mort depuis des années, comprenait par-là la Mort, qu’il passe un pacte chère à tout artiste : l’inspiration pendant une courte période contre sa vie.
Ecrit et imaginé comme un récit faustien, Steve McCloud ne donne pas dans la facilité et ordonne son récit par une intrigue complexe, qui joue sur plusieurs tableaux qui se voient se télescoper pour un final plutôt surprenant.
Disons, que l’auteur pousse loin de concept cynique et nous offre du coup une plongée abyssale dans l’univers de la création, de l’égoïsme, de la cupidité et surtout de la peur de ne plus exister en tant qu’artiste suffisant, mais comme un personnage banale. On reste surpris par ce ton authentique où on a l’impression que certaines scénes sont issus de la vie de l’auteur qui exorcise ses démons intérieurs avec finesse et subtilité.
Pour la partie graphique, l’auteur nous dévoile tout son talent dans le découpage des différentes scénes qui apporte une certaine dynamique. La lecture gagne en fluidité avec un dessin propre, un peu trop même, et surtout une colorisation qui tire vers le bleu et apporte ainsi une ambiance froide. Que ce soit des cadrages, des différents plans ou du découpage, rien n’est laissé au hasard et comprend mieux la position de Scott McCloud comme théoricien du comics.
Roman graphique étrange par sa thématique mais ô combien intéressant car il puisse dans le réel comme le fantastique, les lecteurs ressortiront de cette lecture un peu surpris par les évènements de l’intrigue. Il est évident qu’il reste encore beaucoup de pistes narrative à explorer…Encore faut-il le talent d’un Scott McCloud pour arriver au résultat de cet album intitulé simplement « Le Sculpteur » ! |