Chronique
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Avec "Le Rapport de Brodeck" Manu Larcenet a gravi définitivement un échelon dans sa carrière, sortant des sentiers battus de la BD humoristique pour une œuvre plus pointue et exigeante au vu de cette adaptation littéraire qui devrait en surprendre plus d'un ! Surtout cette fascination pour les ambiances profondes et cette propension à mettre en avant ses personnages que Larcenet dépeint finalement comme de véritables humains au regard du travail de Philippe Claudel dans sa version originale.
Car si Larcenet s'applique à retranscrire le roman aussi fidèlement que possible, son talent vient apporter une lumière nouvelle à ce polar. Son découpage intuitif, sons sens du rythme lancinant, ses cases muettes et ce clair-obscur donnent finalement tout le sens à ce récit qui prend aux tripes et nous interroge plus sur cette maladie qu'on pourrait nommer: l'humain. Point central de ce récit qui se dévoile dans un huis clos juste impressionnant de réalisme.
Avec ce second opus, Manu Larcenet prouve qu'il est devenu un esthète du N&B, capable avec un dessin, de donner une émotion et une ambiance à l'ensemble de ses planches avec un travail fournit dans des masses compactes de noir ou parfois se dessine une silhouette ou un décor. Il faudra bien plusieurs lectures pour arriver à imprégner à sa juste valeur son travail dans le domaine du N&B.
Au final on pourra être surpris de la justesse avec laquelle Larcenet à coller à l'histoire, parvenant à la fois à garder l'essentiel de l'âme du roman, ainsi qu'à amener son propre talent pour donner une âme visuelle à cette intrigue. Et dans la mesure où Dargaud a pris grand soin de réaliser un façonnage original, la série "Le Rapport de Brodeck" est tout simplement un incontournable à découvrir au plus vite. |