Comment a germé cette idée de réaliser un album unplugged ?
Ed : Trint a l’habitude d’écrire toutes les chansons en acoustique. Il avait donc cette envie depuis longtemps, tout comme Jim. Ils étaient à fond sur ce concept, donc au bout d’un moment j’ai cédé. Nous savions qu’avec Steve Albini, il y aurait ce son à la fois brut et fidèle à nos compos originelles. On ne voulait pas y ajouter de ‘paillettes’, on voulait juste enregistrer nos chansons à l’état brut. Qui de mieux que Steve Albini pouvait le faire ? .
Comment s’est faite la connexion avec lui ?
Ed : Grâce à notre manager. Il avait déjà bossé avec lui pour un autre groupe dont il s’occupe (NDA : Dionysos).
C’est quel genre de type Steve Albini ?
Ed : C’est Monsieur Tout le monde ! Plutôt surprenant… Nous avons passé une semaine enfermé dans son studio.
Big Jim : Chez lui, tout est configuré pour faire des prises live, en analogique. Sinon il n’y a rien de bien extraordinaire. Ce sont surtout les salles d’enregistrement qui sont importantes avec des réverbes acoustiques bien particulières.
Ed : Tout ça, plus sa collection géniale de micros rares créent le son unique d’Albini.
Ce projet est un peu déroutant quand on connaît vos précédents travaux. Vous ne nous avez pas habitué à des chansons aussi tranquilles…
Ed : En fait, ce sont vraiment des morceaux d’Uncommonmenfrommars, à la seule différence qu’ils ne sont pas encore passés dans la salle de répète. Ce sont des morceaux que Trint a écrit, comme la plupart des autres chansons d’Unco, sauf que cette fois-ci, nous les avons figés avant d’y apporter tout un tas d’arrangements, la batterie et la guitare électrique, en période de répétition. Vote For me a par exemple été écrit exactement de cette façon là.
Vous n’avez pas peur de choquer vos fans amateurs de punk rock pur et dur ?
BJ : Nous considérons cet EP comme un objet à part. C’est un 7 titres acoustique entre deux albums qui a sa place dans la discographie du groupe, mais que nous considérons tout de même comme un délire, une variation.
Ed : Et ce n’est pas quelque chose qui laisse présager d’une nouvelle direction dans nos compositions. De toute façon, savoir si on va choquer les fans d’Uncommonmenfrommars ou n’importe qui d’autre ne fait pas du tout partie de nos préoccupations premières. Nous avons fait cela dans le même état d’esprit que d’habitude, c’est à dire se faire plaisir et écouter ses envies.
Vous avez repris un titre de Hüsker Dü (It’s not funny anymore). Vous pouvez nous dire un mot sur ce choix ?
Ed : C’est une influence majeure pour tous les membres d’UMFM. C’est un des premiers groupes de Punk rock mélodique. Bob Mould, le chanteur, est un génie. Toute son œuvre, des débuts d’Hüsker Dü en passant par Sugar ou sa carrière solo, est vraiment géniale. Tout est novateur et hyper intéressant. Personellement, Hüsker Dü m'a très fortement influencé, pour Jim ça va plus être la période Bob Mould, pour les autres, Sugar… C’est vraiment l’un des acteurs les plus génial du punk et du rock en général.
BJ : L’idée de cette reprise venait de Ed, et nous avons tous acquiescé car ce morceau sonne super bien et que nous sommes tous fans absolus de Bob Mould.
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C’est aussi un des premiers groupes à avoir fait le crossover Punk et Pop. C’est une ligne directrice que vous suivez ?
Ed : Effectivement. Au milieu d’un album psychédélique comme Zen Arcade (NDA : Hüsker Dü – SST 1984), on y trouve un morceau de pur acoustique. Ils osaient faire ce genre de chose. Nous aimons vraiment ce type de délire.
Il y a aussi le titre Kill The Fuse, un instrumental qui dure plus de 10mn…
Ed : C’est le seul de titre que nous avons composé exprès pour ce projet. C’est un morceau que Jim a écrit et que nous avons arrangé dans le studio. Une amie de Steve Albini nous a rejoint pour jouer du violoncelle. D’habitude, elle travaille sur des musiques de film, elle a vraiment été excellente sur ce titre. C’est la cerise sur le gâteau.
BJ : Ce qui était sympa avec ce morceau, c’était de terminer l’album en bordel, avec un max de bruit.
Vu de l’intérieur, comment se porte la scène Punk française ? Parce que de l’extérieur, on a tendance à croire que la jeune génération ne fait plus que du Neo Métal…
Ed : Le Punk français existe plus que jamais. Il y a beaucoup d’activistes super motivés et la scène est en pleine phase de renouvellement. Il y a énormément de groupes qui existent et qui tournent dans leur coin sans rien demander à personne. Le niveau est énorme avec des groupes comme Dead Pop Club, Second Rate, Homeboys, X-Syndicate ou Flying Donuts. D’ailleurs, tous ces groupes là se sont réunis autour d’un concept commun dont on fait partie… On appelle ça l’Emo Glam (NDA : le nom fait sourire les Unco). Nous sommes d’ailleurs sur un projet de compilation et quelques dates de tournées. Le but est de montrer qu’il y a une nouvelle scène française qui existe plus que jamais et qui se serre les coudes.
Où en est le prochain album des Uncommonmenfrommars ?
Ed : Il est composé. Nous attendons de savoir quand l’enregistrement aura lieu. Ca ne sera pas un Vote For me bis. Il y a des évolutions, des tempos qui changent, une recherche de puissance ailleurs que dans le speed. Il y aura toujours des délires mais sous une forme différente… Notre tournée 2002 a aussi beaucoup influencé l’écriture des titres du nouvel album, dans le sens où ils sont plus ou moins faits pour la scène.
BJ : C’est normal, nous nous considérons largement plus comme un groupe de live, que de studio. C’est l’essence même du Rock’n’Roll ! .
Pour finir, vous chanterez en français un jour ?
Ensemble : Non !!
BJ : L’anglais vient plus naturellement, c’est d’ailleurs la langue maternelle des compositeurs du groupe.
Ed : Il ne faut jamais dire jamais mais nous avons déjà essayé et le résultat ne nous a pas du tout convaincu. Un échec total. On aime bien l’Espagnol par contre.
Philippe Duarte |