Vous avez changé votre line up (nouveaux batteur, percussionniste) et recruté des MC au sein de l'ADFED, pouvez-vous nous expliquer ?
Dr Das : l'Asian Dub Foundation Education est une organisation éducative, que nous nous avons créée en 1998, qui a pour but d'apprendre aux jeunes la musique dans sa globalité : l'écriture, les technologies. Il s'agit d'encourager les gens à la créativité musicale, à l'innovation, donner l'opportunité d'aider de nouveaux groupes.
Chandrasonic : Aktar et Spex (les deux nouveaux MC. ndlr) ont participé à notre dernière tournée pour Community Music, sur laquelle on évoluait déjà en sound system, notamment en France. Ça a été l'opportunité d'expérimenter de nouvelles idées très intéressantes. Le sound system fait vivre différemment notre musique et nous aimons ça. Les réactions du public ont en plus été très positives.
Vous n'aimez pas trop qu'on vous taxe d'engagement politique, pourtant Enemy Of The Enemy, est un album lourd de sens, une petite explication de textes ?
Chandrasonic : ce n'est pas qu'on aime pas qu'on nous dise que nous sommes engagés, c'est le terme d'engagement politique qui nous énerve un peu. Nous sommes réellement engagés, mais ça va au delà. Dans Fortress Europe, on dénonce un état de fait. Il est clair que l'Europe connaît aujourd'hui des débordements, des guerres qui nous révoltent, mais le message reste positif, toujours.
Dr Das : regarde au Kosovo, les gens ont perdu tout ce qu'ils avaient construit. Les réfugiés ne savent même plus où aller, c'est la conséquence d'une attitude européenne, d'un comportement économique et sécuritaire, allant contre les libertés.
Il y a un morceau qui s'intitule La Haine, je crois que ça a un rapport avec le film de Mathieu Kassovitz?
Chandrasonic : oui, ce qui s'est passé, c'est que nous avons beaucoup aimé le film et que nous avons eu envie de jouer notre musique dessus. Le film a été projeté à Londres et à Lille et nous avons joué en direct dessus. C'était très intéressant, bien que techniquement difficile, mais ça l'a fait.
Dr Das : nous avons rencontré Mathieu, qui a assisté à ce projet. Il a beaucoup aimé et nous a demandé de travailler avec lui sur la future sortie du DVD du film, pour lequel nous ferons la musique. C'est prévu pour dans 2 ans, pour les 10 ans du film.
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Un de vos titres, 1000 Mirrors, est interprété par Sinead O'Connor, pourquoi l'avoir choisie ?
Dr Das : c'est une idée d'Adrian Sherwood, qui a produit l'album. Il avait déjà travaillé avec elle et nous a assuré que c'était une bonne idée. Adrian est une personne que nous respectons beaucoup pour son travail sur la scène dub. Ça a été un plaisir de travailler avec lui.
Chandrasonic : c'est un excellent producteur, il maîtrise le processus de la musique avec les ordinateurs, les beats prennent de l'ampleur sous sa patte. Il est là depuis 20 ans, il a été à la base du dub, il a créé des choses fabuleuses et ils nous a très bien compris.
Le titre de votre album est assez explicite, qui sont vos ennemis, si vous en avez ?
Chandrasonic : (rires) le titre de l'album, Enemy of the Enemy, joue sur la confusion. Nous n'avons pas a priori d'ennemis. Il s'agit plus de l'ombre qui flotte sur le monde, qui le contrôle. On ne sait plus vraiment qui est l'ennemi de qui. En 1992, Saddam Hussein a été créé par les Etats-Unis, c'était lui, le plus grand cow-boy, grâce à son pétrole. Aujourd'hui, c'est l'ennemi public n°1, avec les Talibans...
Dr Das : c'est comme ça depuis des lustres et l'histoire se répète. Qui contrôle qui? Tout se joue avec la peur des autres, c'est terrifiant, les gouvernements mettent la pression et des gens meurent dans des guerres terribles. Comment ça va se terminer? Je ne sais pas si nous devons être optimistes.
Philippe Duarte
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